LA VOIE DU MILIEU

Lors d’une discussion autour du Zen avec quelques-uns de mes élèves – pratique
que j’enseigne depuis une vingtaine d’années au sein de mon école de Wu Dao – un ami de l’un d’eux, non pratiquant, se tourne vers moi et me pose directement la question : c’est quoi le Zen ?

J’aurais pu lui donner la fameuse réponse du grand Maître Zen Dongschan : « C’est
le cyprès dans la cour » ou encore lui dire dans un langage plus moderne que c’est
une méthode ancienne et traditionnelle de déstabilisation du conscient en faveur de
l’inconscient, mais je me sentis soudain à la place de quelqu’un qui doit décrire les
couleurs à un aveugle de naissance ou le goût du sucre à quelqu’un qui n’en a
jamais mangé. Ce sentiment fut le point de départ de cette histoire.

La Voie du Milieu est pour moi une tentative de faire vivre émotionnellement
l’expérience du Zen à l’instar des contes traditionnels Cham pour la Chine ou Zen
pour le Japon. C'est l'adaptation d'un conte Zen tiré du livre les Turpitudes du Cercle aux éditions Centon Editions.

La Voie du Milieu n’est pas un film que l’on pourrait assimiler au film de genre,  même s’il en exploite l’imagerie et les codes.
C’est un film d’auteur avec son point de vue artistique et philosophique ; sa façon
tout à fait personnelle de mettre en image un récit : avec son propre rythme, sa
propre esthétique, sa propre grammaire.

La simplicité étant le propre du Zen, tout dans le film ira dans le sens de cette
simplicité : mise en scène, lumière, décor, costumes, son et musique.
L’image sera très soignée, très épurée, avec des cadres composés comme des
tableaux, lumière très contrastée, beaucoup de clair-obscurs.
Il y aura peu de mouvements de caméra, hormis des travellings avant/arrière,
latéraux et très lents.
L'espace sera livré au jeu des comédiens qui se déplaceront hors et à l'intérieur du
cadre.
Le hors champ prenant beaucoup d'importance.
Chaque personnage aura sa couleur et son propre traitement d’image, sa musique,
ses sons : sa personnalité.

Nous serons parfois très près des comédiens pour ressentir leur intériorité, le souffle et les émotions qui animent leur regard.

Les comédiens, pan-asiatiques, tous vivant en France, sont les mêmes comédiens
qui travaillent sur mes films depuis une dizaine d’années.

La Voie du Milieu est avant tout une comédie, une histoire pleine de malice et d’humour Elle sera tournée en langue française pour accentuer l'aspect décalé du film.

Et ceci pour plusieurs raisons :
 

Nous avons dans notre beau pays tous les paysages qui s’y prêtent
Nous l’avons précédemment fait pour des histoires qui se déroulaient au Vietnam, pourtant une contrée qui se trouve sous les tropiques avec une végétation différente. Matte-painting, incrustations, 3D nous ont permis de parfaire l’authenticité des lieux.

Ces films ont couru les festivals du monde entier. En Asie Koan de
Printemps, mon dernier long métrage, a été sélectionné et récompensé en Inde, en Thaïlande, au festival Tibétain de Dharmansala. En Chine, au festival de Macao il a concouru contre les gros films Chinois, hongkongais, taïwanais, japonais : Ipman3, Diva, Assassins…
 

Pour La Voie du Milieu qui se déroule au Japon, c’est encore plus facile.
Car la végétation est similaire. Et bon nombre de décors existent déjà
chez nous (voir décors).

La deuxième raison concerne la production. En France, nous maîtrisons
parfaitement les coûts et le tournage.
Pour avoir fait des films en Asie, je connais bien les difficultés liées au tournage dans ces régions : la communication difficile à cause de la langue et la façon de travailler différente, sans parler des pressions mafieuses.
 

La troisième raison est la continuité du travail. Nous sommes une équipe
de comédiens, de techniciens et de fournisseurs français qui travaillons
ensemble depuis plus de dix ans.
Toutes ces histoires asiatiques que nous mettons en scène, en son et en
images, nous l’avons fait ici, tous ensemble, sur notre territoire. Chacun
de ces films a été plus ambitieux que le précédent, mais aussi plus réussi
que le précédent.